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Les enjeux du secteur de l’aide alimentaire

Le nombre de personnes en demande d’aide alimentaire ne cesse d’augmenter. En effet, c’est le constat de la Fédération belge des Banques Alimentaires, des resto du Cœur de Belgique ou encore de la Croix-Rouge de Belgique. Cette tendance, observée depuis une dizaine d’années, s’est renforcée avec les crises qui se succèdent depuis 2020 (coronavirus, inondations, guerre en Ukraine, crise économique …).

Alors que la demande ne cesse d’augmenter, les sources d’approvisionnements « classiques » de l’aide alimentaire ne suffisent plus ; soit elles stagnent soit elles diminuent, mettant les organisations de terrain en grande difficulté. A l’heure actuelle, celles-ci ne peuvent plus répondre de manière suffisante aux demandes croissantes qui leur sont adressées.

Ces difficultés d’approvisionnement trouvent leur origine dans  :

  • La migration du Fonds européen dédié à l’achat de denrées alimentaires de base de longue conservation (lait, farine, pâtes, …) : le FEAD (Fond européen d’aide aux plus démunis)  vers le Fond social européen plus (FSE+). Ce transfert s’accompagne d’une réduction des montants octroyés par l’Europe à la Belgique. Un budget complémentaire de plus de 20 millions pour 2023, 2024 et 2025 a été voté par l’état fédéral mais l’incertitude plane pour les années suivantes. De plus, seule une partie des organisations possèdent l’agrément pour recevoir et distribuer ces produits FSE+ et cela à cause de la complexité des procédures administratives et la crainte de contrôles trop lourds.
  • Une diminution des approvisionnements en invendus. Avec l‘augmentation du prix des matières premières, la prévention à la source s’améliore, les magasins gèrent différemment leur stock, il y a probablement moins de gaspillage mais aussi moins de dons. De plus, les produits proposés « en vente rapide », sont recherchés par les consommateurs « tout venant » en raison de la crise économique. Le passage de magasins intégrés à des magasins franchisés semble également impacter négativement le nombre de magasins qui donnent leurs invendus aux organisations d’aide alimentaire. En effet, il s’agit, avec la franchise, de gestion individualisée, éparpillée et il devient difficile de mettre en place une politique de dons harmonisée comme cela est possible avec une enseigne intégrée. Finalement, certains acteurs commerciaux, dont certains d’envergure internationale telles que Too Good To Go ou Happy Hours Market « rachètent les invendus » pour les revendre à un prix réduit au grand public. Ces denrées ne sont donc plus disponibles pour l’aide alimentaire. Certaines de ces start-ups donnent leurs invendus à l’aide alimentaire mais les flux ont alors été écrémés des denrées les plus nutritives, les plus intéressantes et les délais permettant la distribution avant péremption sont fortement raccourcis. Les collaborations avec ces start-ups sont le fait de certaines enseignes et semblent encouragées par le passage à la franchise.

Face à l’augmentation des demandes d’aide alimentaire et la diminution des approvisionnements de nombreuses organisations se trouvent en grande difficulté et se trouvent contraintes soit de devoir réduire les quantités distribuées par personne, soit de resserrer leurs critères d’accès à l’aide, soit de puiser dans leurs réserves financières, qui s’amenuisent.

Trop souvent encore, les flux d’invendus collectés auprès des acteurs de la distribution contiennent trop de denrées qui ne peuvent plus être distribuées, ou distribuées dans les délais impartis et constituent des déchets dont la gestion et le coût sont alors à charge de la plateforme. Une part de cette mauvaise qualité est imputable à la gestion déficiente des invendus dans les entreprises (tri non préservant, DLC trop proches, mélange de denrées …). Une autre part de cette mauvaise qualité est due à la concurrence entre organisations, qui entraine un nivellement par le bas : certaines organisations acceptent des flux de mauvaise qualité pour remporter prioritairement le don. Cette situation (dons contenant une part relativement importante de déchets) risque de s’aggraver avec la mise en œuvre de la Directive relative aux bio-déchets.

Nous constatons que les mesures destinées à soutenir les dons d’invendus alimentaires, telles qu’elles existent actuellement (exemption de TVA, permis d’environnement, conventions avec certains acteurs de la grande distribution…) ne suffisent plus pour maintenir un volume suffisant permettant de répondre aux besoins des personnes en difficulté.

Face à cette situation, comment soutenir les organisations, en particulier celles de deuxième et troisième ligne ? Doivent-elles renoncer à collecter des invendus et se tourner vers d’autres sources d’approvisionnement, ou certaines mesures peuvent-elles être prises pour soutenir l’approvisionnement en invendus ?

Des solutions doivent être recherchées et mises en place très rapidement.

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